De nombreux articles évoquent les besoins des générations dans le monde du travail. Ce concept de génération est-il vraiment pertinent? Quel sera l’impact des futures générations sur l’évolution de l’entreprise?
Génération X, Y, Z, C, K… un test ophtalmo?
On a parfois du mal à s’y retrouver : plus on essaie d’anticiper avec les générations, plus on multiplie les interprétations. Aujourd’hui, on s’accorde généralement sur trois générations encore actives professionnellement, et trois grandes périodes. Pour simplifier, on retrouve :
- Les baby boomers, nés entre 1942 et 1960. Ils ont connu le plein emploi, et s’accomplissent par le travail. Ils sont compétitifs, respectent l’autorité et considèrent l’entreprise comme une famille.
- La génération X, née entre 1960 et 1980. Elle a connu le chômage et les “lendemains qui déchantent” et recherche déjà un équilibre entre carrière et vie personnelle. Elle remet l’autorité en question et veut apprendre, être responsabilisée, challengée.
- La génération Y, née entre 1980 et 1995. On les appelle aussi les “millenials” ou “digital natives” : ils sont nés avec Internet. Ils recherchent avant tout la qualité de vie, et se rebellent vis-à-vis de l’autorité. Ils valorisent la compétence et recherchent des mentors plutôt que des managers, et veulent prendre du plaisir dans le travail.
Aujourd’hui, une nouvelle génération arrive sur le marché. Et par manque de recul, de nombreuses appellations se télescopent. Vous aurez sûrement entendu parler de Génération Z ou C, qui désignent les personnes nées entre 1995 et 2010. Mais maintenant, on parle aussi de Génération K (comme “Katniss”, l’héroïne du film “Hunger games”), une variante de la Z, ou de Génération Alpha, à peine entrée en primaire actuellement! De quoi en perdre son alphabet, vous ne trouvez pas?
La génération : une caricature à manier avec prudence
“Chaque génération est définie par un style de vie, des manières d’être, des codes et des repères spécifiques pour aborder le monde”, écrit Martine Fournier dans un article sur le sujet paru dans le magazine Sciences Humaines. Ces caractéristiques sont particulièrement utiles pour le marketing. Elles offrent en effet des modèles simples qui permettent d’anticiper les modes de consommation et les usages du public. Donc, ce n’est pas un hasard si ces dernières années, on a vu fleurir autant d’interprétations sur les comportements générationnels.
Pourtant, les sociologues, spécialistes des comportements humains dans leur dimension sociale, usent de ces modèles avec prudence : ils sont utiles si on a conscience qu’il s’agit de caricatures. “Les générations au travail sont définies en référence à des événements signifiants qui se sont déroulés durant différentes étapes historiques du capitalisme, et qui intègrent aussi des transformations de la structure sociale du travail”, indiquent Dominique Méda et Patricia Vendramin dans leur article « Les générations entretiennent-elles un rapport différent au travail ? ».
En réalité, les changements sont plus continus, et un même bouleversement peut toucher plusieurs générations à la fois. Sans oublier qu’il existe d’autres facteurs sociaux qui peuvent diviser au sein d’une même génération : catégorie sociale, niveau d’études, genre… entre autres!
L’impact des générations sur le travail
Ceci étant dit, comme tous les modèles, si on ne prend pas les générations trop au premier degré, elles peuvent nous aider à mieux comprendre les attentes des collaborateurs en ce qui concerne leur travail. Ce qu’on en retient, c’est que chaque génération semble “marquée” par des événements sociaux, économiques, politiques, culturels. Dans les Ressources Humaines comme dans la plupart des disciplines, on innove en fonction de ces changements importants.
La génération Y fait actuellement évoluer les entreprises vers plus de de flexibilité, et un management de type “coaching” ou mentorat. La génération Z fait quant à elle évoluer les entreprises vers une prise en compte de l’épanouissement des salariés et une meilleure qualité de vie au travail.
La génération K quant à elle arrive sur le marché de l’emploi. Son aversion pour les grandes entreprises fera-t-elle évoluer les organisations? “En 2050, tout le monde sera slasheur au travail”, annonçait Monique Dagnaud pendant la conférence « Quelle jeunesse pour quel monde en 2050? », de l’événement Génération 2050.
La génération Alpha commencera sa carrière en 2030. Comment envisagera-t-elle le travail alors qu’elle est née dans “l’internet de tout” et qu’elle ne connaîtra rien de la vie déconnectée? Le sociologue Mark McCrindle prédit que son besoin de transparence sera absolu, et Dan Schawbel imagine “qu’à 10 ans, beaucoup auront déjà lancé leur propre start-up”.
Et vous, comment imaginez-vous le futur du travail? On en parle?